Prendre des images ainsi, à proximité immédiate de ceux qui réfutent toute image, est en soi un exercice de l’entre deux. Pas le temps de faire accepter la prise de vue, la proximité est fugace en ces nuits de fuite où les déplacements se font en silence entre la gare des Ardoines et le camp, lieu de refuge en tant que tel qui, même si les conditions de vie se rapprochent bien plus de la survie subie, représente pour autant un lieu protégé de l’entre soi. Les prises de vue se font à la volée, dans le mouvement de la marche de l’Autre sous des lumières tout autant réduites qu’aléatoires. La photographie se vit ici pleinement et traduit ces instants d’équilibre précaire en intimité non partagée, je ne peux prendre à distance, c’en est ainsi. J’ai besoin de sentir l’Autre, de ressentir l’excitation de cette volonté de transmettre une réalité. L’image est fixée. De toute façon, elle a aussitôt disparu, elle ne reviendra plus. Vitry sur Seine, septembre 2017, la nuit a repris ses droits couvrant ces va et vient incessants et discrets.